Une goutte carolo éclaire Auvelais

Auvelais, écluse – 30/07/2022

Je suis une goutte d’eau, une goutte de pluie, tombée du ciel lors d’une averse sur le pont Roi Baudoin à Charleroi. Directement, je tombe dans la Sambre et mon voyage vers Namur, la Meuse, les Pays-Bas et la mer se précipite. Je dois suivre le courant, je n’ai pas le choix. Je passe sous quelques ponts et je franchis les écluses de Montignies et Roselie. Soudain, j’aperçois les 2 grandes cheminées de Saint-Gobain et je me retrouve face au barrage-écluse d’Auvelais. Je panique ; à droite l’écluse et ses 2 grandes portes, genre mâchoires de requin ; au centre un barrage et sa chute d’eau de 2,90m ; à gauche 2 turbines pour produire le l’électricité. Je choisis les turbines, c’est bien les turbines, cela produit de l’électricité écologique. Ce sont des turbines avec des pales et le bruit court dans la Sambre que près de 100% des poissons peuvent passer sans se blesser. Moi, la goutte d’eau, j’aime bien les poissons, j’en porte tous les jours. Bon va pour les turbines, d’abord je dois franchir un barrage en surface qui bloque les gros déchets flottants. Un petit barrage de rien du tout, je baisse la tête et je passe en dessous. Des petits déchets, malins, font comme moi, il passe en dessous. Là, c’est une autre paire de manche, je vois 2 gros ventilateurs sous l’eau avec des grandes pales, il parait qu’elles sont orientables pour s’adapter au débit. Je chatouille un gardon ; il est trop tard le courant nous précipite dans la turbine de droite ; nous sommes emportés dans le tourbillon, secoués comme dans une lessiveuse. Oufti, on se croirait dans la Rivière Sauvage de Walibi. J’ai un peu le tournis. Tout à coup, tout redevient calme, nous sommes passés. Mes copines, à gauche, à droite, au-dessus, en dessous, vont bien ; le gardon compte ses écailles, elles sont toutes présentes. Génial, j’ai contribué à produire de l’électricité pour 445 ménages. Oui, je ne vous ai pas dit mais la turbine active un générateur qui est sous l’eau et comme toute cette mécanique est sous l’eau, elle n’est pas audible en surface. Et puis des gros câbles emmène l’électricité vers un transformateur … mais là, je ne sais plus car cela se passe hors de l’eau Je dois vous avouer que le passage n’est pas facile pout tout le monde. Les petits déchets, les petits malins qui ont franchi le premier barrage et bien … POC … droit dans la grille de protection de la turbine. Un petit mal de tête plus tard, le dégrilleur, automatiquement, se met en fonction, racle le grillage et remonte les débris à la surface, ils pourront continuer leur périple sur la Sambre ; bye bye. Vous savez dans la Sambre, il y a beaucoup de gouttes d’eau comme moi. Et parfois il y en a trop mais vraiment trop et le débit est vraiment fou. Ce n’est pas une moyenne de 19m³ à la seconde mais 3, 4, 5 fois plus. Il faut absolument laisser passer les gouttes ; les turbines, barrages, écluses ne peuvent nous ralentir, nous entraver sinon on casse tout, on déborde, on inonde. Et bien tu sais quoi ; dans ce cas ; les turbines, les grilles, les générateurs, enfin tout ce brol sous l’eau et bien on le retire de l’eau. A nous la liberté et les gouttes se s’en vont à toute allure.

Un ingénieur a expliqué à un batelier, qui a expliqué à un éclusier qui a expliqué à un promeneur et une copine goutte de surface a entendu et m’a expliqué : il parait que tout ce dispositif est géré par des ordinateurs, des automates, de la pneumatique, de l’électromécanique. Et l’homme, il fait quoi ? Il surveille et peut agir manuellement. Même sans être à Auvelais, à distance, il surveille et agit.

Moi Bernard, je reprends la main. J’ai visité la centrale hydroélectrique du barrage-écluse d’Auvelais ce jour. Je dois avouer que la production d’électricité était à l’arrêt car le débit de la Sambre était proche de 1m³/sec par cette sécheresse, trop peu pour faire tourner les turbines. La goutte du 30 juillet s’est un peu vantée, elle n’a pas connu la turbine.


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